Le Dernier Appel

Ce soir, je vais vous raconter une histoire très fortement inspirée d’une histoire vraie. Comme d’habitude et par respect pour les victimes et leurs familles, j’anonymiserai le nom des personnes concernées.

Vous allez voir, c’est un témoignage troublant, confié par un opérateur qui a travaillé pendant plus d’une décennie au standard téléphonique des urgence. Ce qu’il a vécu, c’est le genre d’événement qui marque à vie. Un de ces moments où la réalité vacille, laissant place à quelque chose que ni la science, ni la logique ne peuvent pleinement expliquer.

Prenez une profonde inspiration, installez-vous confortablement, mettez vos meilleurs écouteurs et laissez-moi vous emmener dans une histoire qui dépasse l’entendement. Voici Le Dernier Appel.

Partie 1 : Une Nuit Calme

Stéphane travaillait comme opérateur d’urgence depuis 12 ans. Hormis certaines exceptions, la plupart des appels qu’il recevait étaient des accidents domestiques, des petits malaises, ou des incidents mineurs, contrairement à ce que l’on voit dans les films Américain... Mais il y avait aussi les nuits calmes, où il ne se passait presque rien.

C’était une de ces nuits-là. Il était un peu après deux heures du matin. Le central était plongé dans un silence presque oppressant, seulement troublé par le bourdonnement des ordinateurs et les grattements de son stylo sur un rapport. Stéphane aimait ces nuits où il pouvait siroter son café et travailler sans être dérangé. Mais cette tranquillité allait être brisée.

Le téléphone sonna brusquement, faisant sursauter Stéphane, tellement il était concentré sur son rapport. Il décrocha.

"112, quelle est votre urgence ?" Demanda Stéphane.

Au bout du fil, une voix. Faible, tremblante, presque un murmure :

"Je suis perdue… Ils arrivent."

Stéphane se redressa immédiatement. Il connaissait ce ton. Ce n’était pas une plaisanterie. La peur était réelle.

"Madame, où êtes-vous exactement ? Pouvez-vous me donner une adresse ou un point de repère ?"

Un silence, suivi d’un souffle tremblant. Puis la femme reprit, avec une voix chargée d’émotion :

"Je suis dans la forêt. Je crois qu’ils me suivent."

Partie 2 : Un Appel Inexplicable

Stéphane lança immédiatement le protocole de géolocalisation pour identifier l’emplacement de l’appel. Et là, premier point troublant : l’écran resta vide. Aucune coordonnée. C’était comme si l’appel venait de nulle part.

"Madame, écoutez-moi, restez calme. Est-ce que vous voyez une route ou des lumières autour de vous ?"

La femme hésita avant de répondre, sa voix se brisant légèrement :

"Non… Juste des arbres. Partout des arbres. Et… des ombres."

"Quelles ombres ? Vous êtes suivie par quelqu’un ? Combien de personnes voyez-vous ?"

Un bruit sourd retentit au bout de la ligne, comme si le combiné avait heurté quelque chose. Puis, un cri étouffé. La communication se coupa.

Stéphane resta figé, le combiné encore contre son oreille. Ce n’était pas inhabituel qu’un appel se coupe en zone isolée, mais quelque chose dans cette voix, dans ce cri… Il sentit un frisson le parcourir.

Il tenta de rappeler, mais le numéro affiché était inexistant. Le mystère et l’étrangeté de son appel se renforce. Et vous allez le voir, Stéphane n’est pas au bout de ses surprises.

Partie 3 : Une Tension Croissante

Pendant les trente minutes qui suivirent, Stéphane ne parvint pas à se concentrer. L’appel tournait en boucle dans son esprit. Qui était cette femme ? Était-elle en danger ? Avait-elle été attaquée ?

Puis, le téléphone sonna à nouveau. Stéphane décrocha immédiatement.

"112, quelle est votre urgence ?"

C’était la même voix. Mais cette fois, elle était calme. Trop calme.

"Ils sont partis," dit-elle, presque comme si elle parlait à elle-même.

"Madame, vous allez bien ? Vous êtes en sécurité ? Où êtes-vous maintenant ?"

Elle répondit d’un ton distant :

"C’est trop tard. Je comprends maintenant."

"Que voulez-vous dire par 'trop tard' ?" insista Stéphane, sentant une boule se former dans son estomac.

Un silence, puis un murmure à peine audible :

"Je ne suis pas supposée être ici."

Et comme avant, la ligne se coupa.

Partie 4 : Une Piste Inattendue

Stéphane resta un long moment immobile. L’appel avait une qualité trop bonne pour être réel, presque fantomatique. Mais il devait rester rationnel. Il vérifia les logs du central pour localiser l’origine des appels. Pourtant, une fois de plus, il ne trouva rien. Les deux appels n’étaient pas enregistrés.

Perturbé, il alla parler à Damien, son collègue en pause dans la salle de repos.

"Tu crois au hasard ?" demanda Stéphane, d’une voix tremblante. Damien, un brin amusé, répondit :

"Pas en pleine nuit au central. Pourquoi ?"

Stéphane lui expliqua rapidement les appels qu’il venait de recevoir. Damien, d’abord sceptique, lui suggéra de vérifier les bases de données des incidents récents. Peut-être que cela pourrait expliquer quelque chose.

Stéphane fouilla dans le système pendant plus de 2 heures en quête de réponse. Il tomba sur un signalement étrange datant d’il y a quelques années : une adolescente du nom de Clara, disparue dans une forêt voisine : la forêt du Boscodon. Le détail qui le fit frissonner ? Elle avait passé un appel aux urgences juste avant de disparaître. Cet appel n’avait jamais été tracé, et son corps avait été retrouvé des semaines plus tard, dans un état que le rapport qualifiait d’"inexpliqué", sans plus de détail.

Partie 5 : Une Découverte Terrifiante

Stéphane était encore en train de lire ce rapport quand son téléphone personnel sonna. Pas la ligne d’urgence, mais son portable. Cela n’arrivait jamais en pleine nuit. Il répondit, la voix hésitante.

"Allô ?"

Ce qu’il entendit au bout de la ligne le paralysa.

"Merci de m’avoir écoutée, Stéphane. C’est plus calme ici maintenant, ne vous en fait plus."

La voix était la même. Impossible de se tromper.

"Comment connaissez-vous mon prénom ? Clara ? C’est vous ?" demanda-t-il, la gorge sèche.

Mais la ligne était déjà morte. Et quand il vérifia l’historique des appels, aucun numéro n’apparaissait.

L’histoire aurait pu s’arrêter ici et cela aurait été bien assez mystérieux pour un seul homme...

Mais, les jours suivants, Stéphane ne put se sortir cette voix de la tête.

Il fouilla davantage dans les archives du central, découvrant d’autres rapports d’appels similaires. Tous venaient de la même région. Tous impliquaient des voix calmes mais effrayées, mentionnant une présence ou des ombres. Ces similitudes ne faisaient que renforcer son angoisse, et je pense qu’on peut le comprendre.

Un soir, il reçut un e-mail. Aucun expéditeur.

Stéphane ouvrit le fichier, tremblant. C’était un enregistrement de l’appel qu’il avait reçu cette nuit-là. Mais à l’arrière-plan, il y avait des murmures. Des voix indistinctes, répétant son nom, chuchotant des mots incompréhensibles. Puis, un bruit sourd, suivi d’un long cri.

Partie 6 : La Vérité Impossible

Dérouté et à court d’explication logique, Stéphane appela un ancien collègue, Marc, qui avait travaillé au central avant lui et qui était devenue un bon ami. Marc écouta son récit sans le couper une seule fois. Puis il murmura :

"Ça recommence."

Marc lui expliqua qu’il y avait eu d’autres opérateurs avant lui qui avaient reçu des appels similaires. Tous avaient décrit les mêmes détails : une femme, une forêt, et des ombres. Chaque fois, les appels cessaient aussi brusquement qu’ils avaient commencé, mais la région autour de la forêt avait toujours été liée à des disparitions mystérieuses. Confirmant ce qu’il avait trouvé dans les archives.

Marc ajouta, la voix tremblante :

"Ils ne cherchent pas à être sauvés, Stéphane. Ils cherchent… quelqu’un."

Selon Marc, ces histoires étaient des canulars très dangereux qui avaient pour but d’attirer les gens qui recevaient cet appel dans la forêt. Pourquoi ? Il l’ignore, mais cela était très inquiétant.

Marc hésita un long moment au téléphone puis il lui dit :

“Ecoute, je devrais te dire d’oublier tout ça... Mais t’es mon pote et là je dois t’avouer qu’un détail me dérange un peu. Si j’en crois ce que tu me dis, l’appel que tu as reçu est trait pour trait le même que celui que j’ai à l’époque... En 2018, lorsque cette pauvre adolescente est décédée. Je t’envoie l’audio Stéph’, mais après promets moi de passer à autre chose s’il te plaît. Notre boulot n’est pas facile et malgré nos efforts, certaines personnes ne peuvent être sauvées, tu le sais”.

Et en effet, la voix de l'audio semblait être la même que celle de Clara. Celle qu'il pensait avoir eu au téléphone.

Stéphane est quelqu’un de très terre à terre et surtout de très empathique. C’est pour ça qu’il avait choisis ce métier. Et en 12 ans, rares sont les personnes qu’il n’avaient pu aider. Pour lui, c’était comme un échec de n’avoir pu aider ni comprendre cette femme.

Depuis cette nuit-là, Stéphane a quitté son poste, dès le lendemain. Il ne pouvait plus travailler au central, hanté par ces voix, ces appels. Mais il ne peut s’empêcher de se demander : était-ce une femme réelle, une victime du passé ? Ou autre chose, une force plus sombre, cherchant à tisser un lien avec lui ? Ou est-ce que Marc avait raison ?

Comme Stéphane, nombre d’entre nous n’auraient pas cherché à en savoir plus.

Mais pas lui. Stéphane va mener une enquête le menant à des révélations terrifiantes...

Partie 7 : Une Obsession Incontrôlable

Stéphane aurait pu suivre le conseil de Marc : oublier ces appels, les mettre sur le compte d’un canular ou d’un bug informatique. Mais ce n’était pas dans sa nature et l’audio que lui avait envoyé son ami n’avait fait que renforcer sa curiosité. Depuis qu’il avait quitté son poste au central, il passait ses journées – et ses nuits – à fouiller dans tout ce qu’il pouvait trouver sur les disparitions signalées autour de la forêt du Boscodon. 

Ce massif, situé dans les Hautes-Alpes, était réputé pour son abbaye ancienne et ses sentiers paisibles. Mais il avait aussi une autre réputation, moins connue : celle d’un lieu où des personnes disparaissaient sans laisser de traces. Stéphane découvrit des articles de presse sur plusieurs cas troublants. 

En 1995, une randonneuse, est retrouvée morte le lendemain de sa disparition.  

Des cas similaires ont eu lieu en 2015 et 2016, et plus récemment, en 2018, un sans-abri d'origine allemande disparaît dans le cirque du Morgon ; son corps est retrouvé trois jours plus tard.  

Une adolescente nommée Clara, avait été portée disparue cette même année après avoir envoyé un message inquiétant à ses parents.  Elle écrivait : "Ils sont là. Je n’arrive pas à sortir." 

Ce nom vous dit quelque chose ? C’est que vous avez bien écouté la partie 1. Cette jeune femme avait appelé les urgences à l’époque et c’est elle que Marc avait eu au téléphone selon lui. 

Enfin, en 2020, Laurence Klamm, une habitante de la région, disparaît lors d'une promenade. Son corps est retrouvé en juillet 2021, mais les circonstances de sa mort restent floues ; comme toutes les autres victimes. 

Ces événements intriguent Stéphane, encore. S’en est trop pour lui. Il décide de se rendre sur place pour comprendre ce qui se cache derrière ces disparitions. 

Partie 8 : Le Voyage Vers Boscodon

Stéphane prépare son voyage avec soin. Il emporte une lampe torche, un enregistreur audio et des cartes détaillées de la région. La route vers la forêt est sinueuse, bordée d'arbres imposants. À mesure qu'il s'approche, une sensation d'oppression l'envahit. En vérité, il commence légèrement à douter. Est-ce vraiment une bonne idée de s’aventurer dans cette forêt seul ?... Mais sa curiosité est plus forte que ses doutes. Après tout, des milliers de randonneurs s’y aventurent chaque année, 5 ou 6 morts mystérieuse en 20 ans ce n’est finalement pas étonnant... non ? C’est ainsi qu’il se rassura. 

Arrivé à l'abbaye de Boscodon, il est frappé par le silence des lieux. L'abbaye, fondée au XIIe siècle, est entourée d'une forêt dense. Si dense, qu’une fois au pied des arbre, on parvient à peine à voir le ciel. Stéphane se gare, allume son enregistreur audio et commence son exploration, suivant les sentiers empruntés par les disparus selon les fameux articles de presse. Car oui, un détail étrange de plus que j’ai omis de vous préciser : Tous les corps ont été retrouvés au même endroit, à peu de chose près : dans un rayon de 1km. Stéphane avait tracé avec un crayon rouge ce fameux rayon sur sa carte. 

Partie 9 : Les Ombres du Passé

Au bout de plusieurs heures de marche, il arrive à un sentier qui semble ne pas avoir été emprunté depuis un bout de temps. Il est obstrué par un arbre tombé au sol. Sur ce dernier est gravé “Ne pas franchir”. Il hésite. Il se rappelle pourquoi il est ici, regarde sa carte. Il allume son enregistreur vocal. 

“C’est bien ici”  

Il enjambe cet arbre mort. Au bout de quelques mètres, il regarde son téléphone. 

“OK, comme je m’en doutais, il y a aucun réseau ici”. 

Cela reste étrange que le réseau se coupe pile à cet endroit, mais Stéphane ne relève pas ce point. En parcourant le sentier, Stéphane découvre des objets abandonnés : une chaussure de randonnée usée, un foulard décoloré. Ces trouvailles renforcent son malaise et son cœur commence à battre plus rapidement. Il s'enfonce davantage dans la forêt, où la lumière peine toujours autant à percer le feuillage épais. D’ailleurs en regardant vers le ciel, quelque chose le choqua. 

“Hein ? Il fait nuit ? C’est impossible, ça fait à peine 3h que je marche, il doit être midi à peine !” 

Il regarde son téléphone : 

“23h15 ?! Mais quoi ?!” 

Soudain, il entend un craquement derrière lui. Il se retourne, mais ne voit rien. Le silence est pesant. Il reprend sa marche, une sensation d'être observé ne le quitte pas. Cette sensation, on l’a tous déjà eu au moins une fois, on sait combien elle est désagréable... 

Partie 10 : La Nuit Tombe

Stéphane regarde si son enregistreur fonctionne toujours et décrit les lieux, les objets trouvés, ses impressions.

“Je dois avouer que c’est assez flippant tout ça. Vous verriez l’ambiance de la forêt... Il commence à faire étonnement froid pour un mois de mai.”

“Putain c’est quoi ça ?”

...

“J’espère que ça s’entend dans l’enregistrement”.

Alors qu'il parle, un murmure indistinct se fait entendre en arrière-plan. Il s'arrête, tend l'oreille, mais le murmure cesse. Il commence à perdre son sang froid. Il reprend sa marche, mais les murmures reprennent, plus proches cette fois. Il appelle,

“hého”

Mais seule l'écho de sa voix lui répond. La peur commence à s'insinuer en lui.

Stéphane réalise qu'il s'est éloigné du sentier principal. Le GPS de son smartphone ne capte plus de signal. S’en est trop, il réalise que cela devient trop dangereux pour une enquête. Il tente de retrouver son chemin, mais plus il marche, moins il reconnait les lieux. Les murmures deviennent des chuchotements distincts. Il entend son prénom, prononcé avec insistance. La panique le gagne.

Il accélère le pas,

Mais trébuche sur une racine et tombe lourdement.

Partie 11 : La Découverte

En se relevant, Stéphane aperçoit une lueur au loin. Il s'en approche et découvre une cabane en ruine. Enfin ! Une trace de vie ! Il s'y précipita. À l'intérieur, des graffitis recouvrent les murs, certains représentant des figures inquiétantes qu’il n’arrive pas décrire. L’un d’eux attira particulièrement son attention : “un cercle entourant trois figures stylisées. On dirait, des "ombres" informe”... La bâtisse est quasi vide si ce n’est une table qui se dresse au beau milieu de la petite pièce. Sur cette table poussiéreuse, il trouve un carnet. Les pages sont remplies de notes incohérentes, mentionnant des ombres, des voix, des disparitions.

Stéphane décrit tout ce qu’il se passe et ce qu’il ressent à partir de ce moment-là :

Il sent une présence derrière lui. Il regarde à la fenêtre et voit une silhouette informe dans la forêt, à peine éclairé par la faible lumière de la cabane. Elle disparaît.

“Si quelqu’un trouve ça…" Il hésita. "Sachez que je voulais comprendre."

Ceci est son dernier message vocal. Comme s’il avait pris conscience de quelque chose à cet instant.

Il se retourne brusquement et aperçoit une silhouette sombre à l'entrée de la cabane. La peur le paralyse. On l’entend dans l’enregistrement à son souffle. A en croire l’audio, La silhouette avance lentement vers lui.

Le dernier son entendu sur l’enregistreur est le bruit d’une vitre se brisant.

Conclusion

Le corps de Stéphane fut retrouvé quelque jour plus tard après une battue conséquente organisé par les autorités locales.  Ce qui me permets de vous narrer son histoire aujourd’hui c’est son témoignage post mortem qui laissera à travers son enregistreur audio découvert par les autorités plus tard. Vous l’aurez compris, étant donné que Stéphane n’a plus rien décrit après son dernier message vocal, ce qui a suivi ne reste que des suppositions. 

Cette histoire est extrêmement troublante. Mais je vais vous donner un dernier détail l’est d’autant plus. Aucune cabane comme celle décrite par Stéphane n’a jamais été découverte dans la forêt de Boscodon. Ce qui est d’autant plus étrange, c’est que contrairement aux autres disparitions, cette histoire semble avoir été étouffé dans les médias. J’ai dû mener une enquête pendant des jours pour réunir toutes les informations à son sujet. 

Je serais très curieux d’avoir votre avis sur cette histoire. Cela fait beaucoup d’éléments mystérieux pour une seule histoire... 

Si vous passez près de la forêt de Boscodon, souvenez-vous : certaines choses ne veulent pas être découvertes.