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Jack à la lanterne | Halloween : les origines

Dernière mise à jour : il y a 4 jours


Partie 1 – Le Dernier Feu


Tout le monde connaît Halloween.

Les bonbons. Les citrouilles. Les déguisements…

Mais ce que peu de gens savent, c’est que cette fête est née dans les cendres d’une autre.

Bien plus ancienne. Bien plus sombre.

Ce soir, je vais vous raconter la toute première nuit. Là où tout a commencé.

Les véritables origines terrifiantes d’Halloween et de Jack o'lantern.


🎧 Vous pouvez aussi suivre l'histoire en audio OU écouter sur Youtube


On est en Irlande.

Il y a très, très longtemps.

À une époque où les villages n’avaient pas de nom, et où les frontières entre les pays et les mondes n’étaient pas encore figées.


Le garçon s’appelait Fionn. Il avait une douzaine d’années. Et ce soir-là, il regardait brûler le dernier feu de l’année.

Au milieu de la plaine, un immense bûcher avait été dressé. Pour célébrer les récoltes, mais aussi et surtout pour éloigner ce qui pourrait venir… de l’autre côté.

C’était la nuit de Samhain. La plus redoutée de l’année.

Les anciens disaient que le voile entre les vivants et les morts n’était jamais aussi mince qu’à cette période de l’année.

Que les âmes perdues revenaient rôder. Que les fantômes oubliées profitaient de cette brèche pour retrouver les leurs. Alors, cette nuit-là, on ne riait pas.


Fionn tenait son masque contre sa poitrine. Du bois sec, taillé grossièrement. Deux fentes sombres pour les yeux, une bouche tordue, presque grotesque.

C’était son père qui l’avait sculpté. Et sa mère lui avait dit :

« Plus le masque est laid… plus tu es protégé.

Ceux qui ne sont pas assez laids finissent… choisis. »


Il n’avait pas compris. Pas vraiment.

Mais l’année précédente, une vieille femme du village avait perdu la raison.

Elle disait qu’un enfant mort l’avait suivi jusque dans ses rêves. Depuis, on ne l’avait plus revue.

Alors ce soir, Fionn posa le masque sur son visage. Et il se mêla aux autres.


Tous portaient des peaux, des cornes, des visages difformes.

On aurait dit une procession de bêtes. Une armée grotesque.

Les druides se tenaient au centre du cercle. De grandes silhouettes drapées de noir, le visage masqué, les mains noircies de cendre. Ils récitaient les noms des morts de l’année.

Un à un. Puis, sans un mot, ils quittaient la plaine pour descendre dans les maisons.

Car c’était leur rôle cette nuit-là : passer chez chaque famille, collecter les offrandes.

Un morceau de pain. Un peu de lait. Un objet personnel.

Des présents pour les morts.

« Il faut donner, » avait dit la mère de Fionn.

« Donner à ceux qui ne peuvent plus rien demander. »


Le garçon ne comprenait pas pourquoi.

Ils n’avaient déjà rien. Et pourtant, ils offraient ce qui leur restait… à des soit disant esprits vagabonds.

Et cette année… quelqu’un d’autre était là.

Un homme.

Silencieux. Immobile.

Il se tenait à quelques pas du feu. Droit comme un arbre mort.

Son masque n’était pas comme les autres.

Ce n’était pas du bois. Ni du cuir.

C’était une citrouille.

Et si on fixait bien ses traits, on aurait dit que les entailles faites en guise d’yeux et bouches, bougeaient légèrement… au rythme des flammes.


Homme à la tête de citrouille devant le feu d'Halloween

Il ne parlait pas. Il ne bougeait presque pas.

Mais il observait.

Et sous son masque, Fionn sentit un frisson.

L’homme tourna lentement la tête vers lui.

Et dans son esprit… il crut entendre une voix :

« Ne le suis pas. »


Puis, sans bruit, l’homme s’avança vers les flammes.




Partie 2 – Masques et Murmures


Il s’était arrêté juste devant les flammes.

L’homme à la citrouille.

Silencieux. Figé. Le visage toujours dissimulé sous cette lanterne grotesque.

Il ne disait rien.

Il ne faisait rien.

Mais les druides, eux, s’étaient tus. Leurs chants s’étaient éteints aussitôt qu’il avait posé le pied sur la plaine.

Un silence étrange avait pris place.

Un des anciens s’était alors avancé. La tête basse. Les mains jointes.

Il s’était mis à parler, doucement, dans une langue que Fionn ne connaissait pas.

Ce n’était pas du gaélique.


L’homme au masque l’écouta, sans broncher. Puis il leva la main.


Et sa voix se fit entendre. Grave. Mate. Comme si elle venait d’un autre monde.

Homme à la citrouille :

« Que chaque foyer allume sa flamme… pour ne pas s’égarer. »


Rien d’autre.

Mais c’était suffisant.

Les druides reprirent leurs chants.

Les villageois, comme hypnotisés, commencèrent à se lever un à un pour allumer leur bougie.

Chacun avait un légume creusé à la main : une betterave, un navet, une courge séchée.

On y plaçait une petite flamme. La lumière sacrée du bûcher.


Personne ne demanda qui était cet homme.

Personne n’osa même le regarder en face.

Mais chacun, pourtant, suivit son ordre.


Fionn suivait ses parents, torche en main.

Aoife, sa petite sœur, trottinait derrière eux, accrochée à sa tunique.

Tous portaient leur masque. Tous gardaient le silence.

Il ne restait plus qu’à rentrer chez soi.

Fermer la porte.

Et attendre que les druides viennent frapper, pour demander l’offrande.

Mais avant de quitter la plaine, Fionn jeta un dernier regard derrière lui.

L’étranger était toujours là.

Debout.

Face au feu.

Personne ne semblait le voir.

Mais lui… Lui le regardait. Droit dans les yeux.

Et cette voix revint. A nouveau.

« Ne le suis pas...»


Fionn détourna aussitôt le regard.

À côté de lui, Aoife chuchota :

« Il fait pas partie des druides… pas vrai ? »


Fionn hésita.

« Non. Je ne crois pas »


Dans le village, les portes se refermaient une à une.

Les torches étaient posées devant chaque seuil.

Comme des gardiens de fortune.

Et dans chaque maison… les masques ressortaient.

Des masques affreux, tordus, couverts de suie ou de peinture rouge. Des gueules difformes, faites pour tromper les morts.

Fionn détestait le sien.

Il lui grattait le front, piquait les yeux, sentait la cendre froide.

Mais il savait que ce n’était pas fait pour être confortable.


« Tu crois que ça marche vraiment ? » demanda Aoife.

« Les grands… ils ont l’air d’y croire »


Fionn n’avait pas de réponse.

Mais il se souvenait d’un détail.

Chaque année, un ou deux masques restaient suspendus au-dessus d’un seuil.

Inutilisés.

Parce que celui qui devait les porter…

n’était jamais revenu.

Alors il serra la main de sa sœur, et murmura simplement :

« Mets-le bien. Qu’on ne voit pas ton visage. »




Partie 3 – La Forêt


Ils arrivèrent enfin devant la maison.

Le feu sacré vacillait encore dans leur lanterne.

La mère poussa doucement la porte.

Elle fit entrer Aoife, sans un mot et referma aussitôt derrière elle.

Fionn, lui, resta dehors.

Son père venait de lui saisir le bras.


« On doit aller chercher du bois. » dit le père.


Du bois ? Maintenant ? En pleine nuit ? Le soir de Samhain ?

Fionn fronça les sourcils. Il regarda sa mère. Ses yeux étaient rouges.

Elle détourna le regard. Et disparut derrière la porte.

Alors il suivit son père, sans poser de question.


Ils marchèrent longtemps. En silence. Jusqu’à atteindre les premiers arbres.

Une fois ici, il s’enfoncèrent tout deux dans les bois.

Fionn tremblait, de froid oui mais aussi de peur.

Cela faisait longtemps qu’ils marchaient dans cette forêt dense et sauvage en pleine nuit, leur torche à la main.


Un homme et un enfant avec des masques d'halloween dans une forêt flippante.

Puis, au milieu des troncs, son père s’arrêta.

Il s’agenouilla devant lui.

Puis, lentement, il lui ôta son masque.

Fionn pouvait voir ses yeux briller à travers le sien, à la lueur de la flamme.

Mais ce n’était pas le reflet du feu, c’était quelque chose d’autre. Quelque chose de résigné.

Il souffla sur la lanterne de Fionn.

La flamme s’éteignit.

Et dans la pénombre, il dit :


« Pardonne-moi. On n’avait plus le choix.

Ta maladie t’aurait emporté de toute façon. Et nous… on n’a plus de quoi nourrir quatre bouches. »


Fionn n’eut pas le temps de répondre.


BAM


Son père venait de lui frapper la tête avec une branche de bois solide. Il était tombait sous la violence du coup, face contre terre.

Fionn était étourdie.

Et quand il se releva il voyait flou.

Ses mains tremblaient.

Son père n’était plus là.

Juste une silhouette qui s’éloignait entre les arbres, une lumière à la main.

Sa vision se brouillait de plus en plus.

Les feuilles tournaient. Le sol tanguait.

Tout devenait flou.

Sombre.

Silencieux.

Et c’est là qu’il la vit.

Une lumière.

Au loin.

Minuscule. Tremblante.

Elle semblait flotter.

Elle s’approchait.


« C’est lui… C’est papa. Il revient… » se dit-il.


Fionn tenta de tendre la main.

Mais son corps ne répondait plus.

La lumière se rapprocha encore.

Et il put distinguer… une main.

Un légume creusé, dans lequel brillait une flamme verdâtre.

Puis une voix.

Sèche. Grave. Inconnue.


« Que fais-tu ici, gamin ?

Tu n’es pas à ta place. »




Partie 4 – Le Visiteur


Le père était rentré seul.

Sans un mot.

Comme si rien ne s’était passé.

Et lorsqu’Aoife demanda, d’une petite voix,


« Où est Fionn ? »,


aucun des deux parents ne lui répondit.

La mère baissa la tête. Elle fixait son assiette comme si elle attendait qu’elle lui parle.

Mais seules les larmes se mirent à couler.

Alors Aoife se mit à pleurer elle aussi, sans comprendre pourquoi.

Le repas se déroula dans un silence presque irréel.

La soupe refroidissait. Le feu crépitait doucement dans l’âtre.

Et personne n’osait lever les yeux.


Quand le repas fut terminé, la mère prit Aoife dans ses bras et monta à l’étage.

Le père resta seul en bas. Assis sur le vieux banc en bois, face à la cheminée.

Il attendait. Il savait que les druides allaient bientôt venir. Il ne leur restait rien à offrir.

Mais peut-être… qu’ils accepteraient ses regrets.


Le temps passa.

Et soudain…


TOC. TOC. TOC.


Trois coups. Lents. Solennels.

Il se leva, lentement, le dos douloureux, les jambes lourdes.

Il ouvrit la porte d’un geste hésitant.

Dehors, une silhouette encapuchonnée.

Un druide. Grand, silencieux.


« Je… je suis désolé. Nous n’avons plus rien. Plus de pain. Plus rien à donner. » bégaya le père.


Le druide ne répondit pas.

Il se contenta de tourner les talons.

Mais avant de disparaître, il glissa d’une voix sourde :


« Puisse Samhain avoir pitié de vous. »


Le père referma la porte et rassit. Il se frotta les tempes.

Son esprit était fatigué. Trop de tensions. Trop de silence.

Il resta là, un long moment, à fixer les flammes. À écouter le bois mourir doucement dans l’âtre.

Ses paupières se firent lourdes.


TOC. TOC. TOC.


Il sursauta.

Ses yeux cherchèrent la porte dans la pénombre.


« J’ai déjà donné ! Partez ! »


Il resta immobile. À l’écoute.

Mais les coups revinrent.


TOC. TOC. TOC.


Plus lents.

Plus lourds.

Il se leva. Marcha vers la porte. Puis s’arrêta.

Quelque chose n’allait pas.

Il jeta un coup d’œil à travers la petite lucarne de la porte qui se trouvait à hauteur de sa tête…

Rien.

Il n’y a avait personne.

Il se pencha vers la fenêtre, juste à droite.

Et là, il le vit.

Un visage d’enfant, plaqué contre la vitre.

La peau pâle, presque grise.

Des yeux blanc, comme s’ils n’avaient pas de pupilles. Un regard figé.

Du sang séché sur sur son front.

Fionn.


Le garçon, yeux vitreux, à la fenêtre

TOC. TOC. TOC.


Cette fois, c’est sa petite main qui frappa contre la vitre.

Le père recula d’un bond.

Ses mains tremblaient.

Il n’a pas pu retrouver son chemin, et encore moins en si peu de temps, c’était impossible.


Il se gifla violemment, comme pour chasser un rêve.

Il regarda à nouveau.

Plus rien.




Partie 5 – L'intrus


Le père ne dormit pas. Pas une minute. Trop de choses tournaient dans sa tête.

L’image de son fils. Son regard vide et sans âme.

Qu’avait-il fait ?...

Il regretta.

Il regretta de ne pas avoir eu le courage... d’achever son fils.


Il finit par réveiller sa femme, incapable de garder tout cela pour lui.

Il lui raconta ce qu’il avait vu, en détail, la voix tremblante.

Elle l’écouta sans l’interrompre. Puis elle se mit à pleurer à son tour.


« Je savais qu’on n’aurait jamais dû faire ça… » dit-elle en pleurant.


Ils s’installèrent tous les deux dans la pièce principale, sur le vieux banc en bois, blottis l’un contre l’autre.

Il était près de trois heures du matin. Et ils attendaient. Comme si le simple fait d’être réveillés pouvait encore les protéger.


Et puis soudain…


TOC. TOC. TOC.


Cette fois, les coups furent encore plus forts.

Puis, sans attendre de réponse… la poignée de la porte se mit à bouger violemment, comme si on essayait de la forcer de l’extérieur.

La mère bondit du banc, tremblante. Elle courut jusqu’à l’entrée.


« C’en est trop ! » cria-t-elle


Et dans un élan de panique… elle ouvrit.


Sur le seuil se tenait Fionn.

Le même visage pâle. Les mêmes yeux sans vie.

Ses vêtements étaient parsemé de sang séché.

Il ne parlait pas. Ne bougeait pas.

Il fixait sa mère.

Et tendait lentement la main, comme pour lui demander de rentrer.

Elle fondit en larmes.

Ses jambes cédèrent. Elle tomba à genoux.


« Ne reste pas dehors… »


À peine avait-elle prononcé ces mots que l’enfant franchit le seuil d’un pas rapide.

Il traversa la pièce pour attraper un couteau dans la cuisine Et se jeta sur le père.


Fionn, ou ce qu’il était devenu, le fit basculer violemment en arrière.

Il grimpa sur lui.

Ses petits bras semblaient dotés d’une force démesurée.

Il leva le couteau.

L'enfant, yeux vitreux, couteau à la main menaçant le père, possédé par Jack o'lantern

Le père hurla. Il tenta de repousser son fils, de frapper mais l’enfant attrapa son poignet au vol et l’arrêta net. Comme si ce geste n’avait nécessité aucun effort.


« Qui es-tu ?! » cria le père.


« Je m’appelle Jack. » répondit l'enfant avec une voix rauque et grave.


« J… Jack l’avare ? » balbutia le père.


Un sourire étira lentement le visage de l’enfant.

Mais ce n’était pas celui de Fionn.


« En personne.

Je vais t’emmener voir un bon ami à moi. Tu verras… tu y seras à ta place, sale enflure. »


CHLASS


Il enfonça le couteau dans la poitrine du père qui hurla son dernier cri de douleur.

La mère, pétrifiée, n’avait pas bougé.

Elle regardait son mari être traîné au sol par l’enfant. Par son propre fils.

Il le tirait par les cheveux. Comme s’il n’était rien de plus qu’une poupée.

Et juste avant de franchir la porte, Jack se retourna vers elle.

Son regard n’était plus celui d’un enfant.

Sa voix, elle non plus.

« Vos actes ont des conséquences.

Se jouer du mal peut vous en attirer les foudres.

Estimez-vous heureuse que ce soit moi qui sois venu le chercher…

Votre fils, lui, est en paix. Mais pour votre mari… il en sera autrement.

Repentez-vous… pendant qu’il en est encore temps. Peut-être qu’un jour, lui, ne vous en laissera pas l’occasion. »


Il referma la porte derrière lui.




Partie 6 – Jack


Aoife grandit. Sa mère prit soin d’elle durant plus de 10 ans.

Elle n’avait jamais voulu lui dire ce qu’il s’était passer ce jour-là.

Jusqu’à ce jour. Un 31 octobre.


TOC. TOC. TOC


« Il vient pour moi Aoife... Mais avant laisse-moi te dire toute la vérité.

Ce soir-là, j’ai eu la preuve que Samhain n’est pas une superstition. Alors où que tu sois perpétue nos traditions et le souhaits des anciens.

La mort… n’est qu’un passage. Un passage vers un autre monde. Et le voile qui sépare notre monde de celui des morts n’est jamais aussi mince qu’à cette période de l’année.

Nous devons allumer nos torches pour guider les âmes. Nous devons leur faire des offrandes, pour ne pas attirer les esprits malins, les malédictions, ou tout simplement les conséquences de nos actes.

Et … nous devons nous déguiser. Pour qu’un esprit ne nous reconnaisse pas. Pour qu’il ne s’attache pas à nous.

Notre histoire, et celle de Jack l’avare, que je n’avais jamais cru jusqu’à ce jour en est la preuve Aoife…


TOC. TOC. TOC


Avant d’éteindre ma bougie et de partir avec lui, laisse moi te raconter son histoire.


Il y a très longtemps, dans les terres brumeuses d’Irlande, vivait un homme qu’on appelait Jack. Un forgeron. Rusé. Ivrogne. Et surtout, profondément égoïste.

On le surnommait Stingy Jack… Jack l’avare.

Il passait ses journées à tromper les autres et ses nuits à boire. Il mentait. Volait. Riait de ceux qui l’aimaient. Et pourtant, il avait un don : il savait se jouer de tout le monde… même du Diable.

Un soir, alors qu’il sortait titubant d’une taverne, il croisa une silhouette étrange sur le bord du chemin. Une ombre plus sombre que la nuit. C’était lui. Le Diable. Il était venu réclamer son dû un 31 octobre : l’âme de Jack. A cause de tous les méfaits qu’il avait commis dans sa vie.

Mais Jack, rusé comme toujours, ne se laissa pas impressionner.

Il proposa un dernier verre, une pinte comme dernière volonté avant de le suivre. Curieux, le Diable accepta.


Quand vint le moment de payer, Jack se tourna vers lui avec un sourire tordu :

“Tu pourrais… te transformer en pièce, non ? Juste un instant.” Dit Jack.

Le Diable, amusé, s’exécuta. Il devint une pièce brillante que Jack attrapa… et rangea aussitôt dans sa bourse. Une bourse où se trouvait une petite croix d’argent.


Jack à la lanterne aillant capturer le diable dans l'histoire originale

Le Diable était piégé.

Il hurla, gronda, menaça.

Mais Jack ne céda qu’à une condition : qu’il lui laisse encore 10 ans de sursis.

Le Diable accepta, il n’avait pas le choix.

Et Jack le libéra.


Dix années passèrent.

Et le Diable, toujours fidèle à ses promesses, ne toucha plus à Jack… pendant 10 années. Une nuit, quand le diable vint l’emmener une seconde fois, Jack lui demanda une pomme. Juste une pomme. Un dernier fruit avant de mourir.


Le Diable accepta de nouveau et grimpa dans un arbre.

Mais dès qu’il atteignit une branche, Jack traça une croix sur le tronc. À nouveau, le Diable se retrouva piégé. Prisonnier de l’arbre.

Il hurla, gronda, menaça. Encore.

Et Jack rit.

“Alors… fais-moi une autre promesse. Jure que jamais je n’irai en enfer.”

Le Diable… accepta et Jack effaça la croix.


Quelques années plus tard, Jack mourut.

Mais au paradis, on le chassa.

Dieu ne voulait pas d’un homme comme lui.

Il descendit alors vers l’enfer. Mais là aussi, les portes lui furent fermées.

“Je t’ai promis de ne jamais te prendre”, dit le Diable. “Et je tiens parole.”


Jack, condamné, se retrouva seul.

Piégé entre les mondes.

Ni vivant. Ni mort. Ni ciel. Ni enfer.

Il demanda au Diable un peu de lumière pour marcher dans l’obscurité.

Pris de pitié, celui-ci lui lança une braise ardente, une flamme éternelle venue des profondeurs des enfers.

Jack creusa un navet. Son légume préféré. Il y plaça la braise… et s’en fit une lanterne.

Depuis ce jour, il erre sans fin sur les chemins sombres et brumeux d’Irlande. A la recherche d’un foyer... Ou d’un corps à habiter.


On l’appelle Jack O’Lantern... Jack à la lanterne.

Et si, un soir de Samhain, tu vois une lumière danser entre les pierres… ne la suit pas.

Ce n’est pas un feu de camp. Ni un ami. C’est lui. Et personne ne connaît ses réelles ambitions.

Alors pour le tromper, mais surtout pour éviter de nous égarer nous aussi entre les mondes, nous allumons une bougie que nous mettons dans un légume. »


La mère se leva et pris son navet creusé d’une bougie avec elle.


« J’ai déjà bien assez vécu malgré tous mes pêchés. Mais au moins, j’ai pu t’élever correctement. Pardonne moi ma fille. »


Aoife se précipita à la fenêtre. Elle vit sa mère au loin. Elle semblait tenir la main à ce qui semblait être son grand frère. Jusqu’à ce qu’elle ne puisse même plus discerner sa lumière dans cette obscurité profonde…




Partie 7 – Héritage


Le temps passa, et Aoife grandit.

Elle ne parla jamais de cette nuit-là.

Mais elle se souvint de tout.

De la voix de sa mère. De son regard, juste avant qu’elle ne s’éloigne avec cette étrange lanterne.

De la silhouette dans l’obscurité… qui semblait la guider.


Chaque année, à la même date, Aoife allumait sa propre flamme.

Elle creusait un légume, y glissait une bougie, et la posait devant sa porte, comme on le lui avait appris.

Puis elle raconta l’histoire à ses enfants. Et ses enfants la transmirent aux leurs. De génération en génération.

L’histoire de Jack.

De Samhain.

De la flamme qui ne doit jamais s’éteindre.

Du masque à porter pour tromper les morts.

Et des offrandes qu’il faut laisser…pour ceux qui errent encore entre les mondes.


Cette tradition païenne traversa les siècles.

Et lorsque les grandes famines frappèrent l’Irlande, les descendants d’Aoife, comme tant d’autres, durent fuir leur terre.


En 1845, un champignon ravagea les récoltes.

La famine balaya le pays.

Plus d’un demi-million d’Irlandais moururent de faim.

Et des milliers d’autres s’entassèrent sur des bateaux de fortune, en direction d’un nouveau monde : une terre d’espoir : l’Amérique.


Ils y apportèrent leurs maigres bagages… Et leur traditions.

Les chants. Les prières. Les légendes.

Et cette nuit… Cette nuit si particulière.

Là-bas, sur cette terre étrangère, les Irlandais perpétuèrent leurs rituels.

Ils continuèrent à se déguiser, à allumer des lanternes, à parler de la légende de Jack.


Mais au fil des années, cette fête païenne intrigua.

Elle fut récupérée. Adaptée.

Les navets devinrent citrouilles.

Plus grandes. Plus oranges. Plus faciles à sculpter.

Les offrandes aux morts se transformèrent en friandises réclamées aux vivants.

Les masques restèrent.

Et avec eux, les souvenirs flous d’une époque révolue.


On appela cette nuit All Hallows Eve – la veille de tous les saints. Car elle avait lieu la veille des célébrations de la Toussaints.


Pour devenir finalement… Halloween.


Halloween de nos jours : citrouilles et masques


Partie 8 – Ceux qui n'oublient pas


Voilà plus de deux mille ans que cette nuit est célébrée.

Et au fil du temps, elle a changé.

De Samhain à Halloween, de rituels païens à traditions enfantines.

Mais l’histoire, elle, n’a jamais disparu. Pas vraiment.

Elle a simplement pris d’autres formes.

Elle s’est glissée dans les citrouilles creusées, dans les bonbons que l’on distribue, dans les costumes qu’on enfile.


Et si on célèbre aujourd’hui cette nuit comme un jeu, c’est peut-être justement pour en oublier les origines.

Les navets sont devenus des citrouilles.

Les offrandes, des friandises.

Les esprits, des caricatures.


Halloween n'est pas né aux États-Unis.

Elle y a été importée et est devenue avec les années une fête commerciale.


Alors ce soir,

si vous sortez dans les rues, un sac à la main,

n’oubliez pas de prendre votre lanterne.

Et surtout… de porter un masque. Un vrai.

Quelque chose d’assez laid pour qu’on ne vous reconnaisse pas.

Quelque chose d’assez effrayant pour faire fuir ce qui pourrait vous suivre.

Et si, en rentrant chez vous, quelqu’un toque à la porte…


Prenez un instant.

Avant d’ouvrir.

Car peut-être… que ce n’est pas l’enfant que vous espériez voir,

qui se tient sur le seuil de votre porte.


[FIN]




L'histoire de Fionn est inventée mais repose sur la véritable tradition de Samhain et Jack.

L'histoire de Jack a été racontée comme la relate la véritable légende de Jack o'lantern.



2 commentaires

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anonyme
31 oct.
Noté 5 étoiles sur 5.

Wow... Es ce vrai?

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En réponse à

L'Histoire racontée est basée sur les vraies origines d'Halloween telles qu'elles sont connues. Il en est de même pour l'histoire de Jack à la lanterne, le conte populaire irlandais. Le récit de Fionn est une fiction pensée pour intégrer ces faits dans une histoire horrifique crédible et immersive.

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