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Charlie No Face

L'affreuse légende du Green Man

charlie-no-face ILLUSTRATION du green man

Charlie No-Face : L’Homme sans Visage – Légende urbaine ou histoire vraie ?

Sur les routes secondaires de Pennsylvanie, dans les nuits noires où seules quelques lucioles accompagnent les phares, une rumeur s’est transmise de génération en génération. Celle d’un fantôme ou un homme étrange, à l’apparence dérangeante, qu’on ne voyait que la nuit. Un être sans visage, errant en silence au bord des fossés, entre les lampadaires éteints et les tunnels abandonnés.

On l’appelait Charlie No-Face ou Le Green Man, car on raconte que sa peau luit d'une couleur verdâtre.

On disait pouvoir le voir tous les soirs au même endroit : un vieux tunnel près de Pittsburgh.

Un tunnel qu'on a fini par surnommé Le Green's man Tunnel.

Si vous préférez découvrir son histoire dans un court podcast immersif, voici un format audio qui devrait vous plaire :

Écouter le podcast :

Une présence inquiétante sur la route 351

La légende prend racine près de Pittsburgh, dans les années 1950. Dans le comté de Beaver, les adolescents parlent d’une silhouette mystérieuse aperçue près d’un ancien tunnel piéton, qu’on surnomme alors le Green Man’s Tunnel. On le décrit comme difforme, silencieux, toujours seul. Il ne parle pas. Il ne court pas. Il marche. Et cela suffit à alimenter les peurs, car son visage n'avait rien d'humain.

Les plus courageux s’organisent des virées nocturnes. On coupe les phares, on roule lentement. Parfois, une silhouette apparaît. Parfois, non. Les récits sont contradictoires. Certains disent l’avoir vu clairement. D’autres affirment que son visage était totalement lisse. Des photos floues circulent (dont celle en couverture). Personne ne sait vraiment qui il est. Mais tous le surnomment Charlie No-Face. Ou le Green Man, à cause de cette lumière verdâtre que sa peau dégagerait sous les phares.

Une silhouette trop réelle pour être inventée

Ce n’était pas un monstre.
Il ne criait pas.
Il ne poursuivait personne.

Mais sa simple apparition glaçait le sang. Parce qu’il ne ressemblait à rien de ce qu’on pouvait imaginer. Parce qu’on ne savait pas s’il était vivant ou déjà ailleurs. Et parce que, dans une Amérique encore marquée par la peur de l’inconnu, un homme sans visage suffisait à faire naître une légende.

Les plus anciens affirmaient qu’il avait toujours été là. Qu’il appartenait au paysage. Qu’on pouvait le croiser entre deux arbres, ou dans le halo des phares, sur la route 351. Il ne faisait rien. Il marchait. Mais parfois, cela suffit pour nourrir un mythe.

Un accident tragique, oublié de tous

Des années plus tard, en fouillant les archives locales, certains découvrent un article oublié. Celui d’un enfant électrocuté, au début du XXe siècle. Un garçon de huit ans qui aurait touché une ligne haute tension alors qu’il jouait près d’un viaduc métallique. L’accident ne l’a pas tué. Mais il a détruit son visage : yeux, nez, bouche, oreilles… brûlés, arrachés, figés à jamais.

Le garçon survit. Mais il ne retournera plus jamais à l’école à cause de sa difformité. Il restera chez lui. Apprendra le braille. Fabriquera des objets en cuir. Écoutera la radio.

Et chaque nuit, quand tout devient plus calme, il sortira marcher.

Raymond Robinson au lycée, juste avant d'arrêter l'école 

Raymond Robinson au lycée, juste avant d'arrêter l'école 

Un homme, une habitude, une légende

Lui ne voyait rien. Mais il connaissait chaque recoin de son itinéraire. Une boucle toujours identique. Les bords de la route, le bruit du gravier, la pente de l’asphalte… tout était gravé dans sa mémoire.

Parfois, il croisait des voitures. Les conducteurs s’arrêtaient, ou ralentissaient. Ce qu’ils voyaient alors, c’était un homme sans visage, éclairé par leurs phares. Certains fuyaient. D’autres descendaient pour lui parler.

Il répondait. Calme. Poli. Quand on le traitait avec respect.

Parfois, il acceptait une photo. En échange d’une bière ou d’un paquet de cigarettes. Un accord silencieux, répété de nuit en nuit.

Mais jamais il ne cherchait l’attention.

Une célébrité malgré lui

Avec le temps, il est devenu célèbre. Pas pour ce qu’il disait. Pas pour ce qu’il faisait. Mais pour ce qu’il représentait : une preuve vivante que la rumeur était vraie.

Certains venaient avec bienveillance. D’autres pour se moquer. Il a été heurté par des voitures à plusieurs reprises. Pas volontairement. Juste parce qu’il marchait la nuit. Et que le monde n’était pas fait pour un homme comme lui.

Des jeunes lui jetaient des canettes. L’appelaient à distance. Le photographiaient sans lui demander. Certains lui parlaient comme à un monstre. Lui ne répondait pas. Il baissait la tête. Et il continuait à marcher.

Pour une seule raison. Il ne voulait pas qu'on lui enlève ce besoin viscéral qu'il avait de vouloir simplement marcher.

Et comme il ne voulait effrayé personne, alors il sortait la nuit.

Raymond Robinson, l’homme derrière Charlie No-Face

Son vrai nom était Raymond Theodore Robinson. Il est né en 1910, et il est mort en 1985, dans un foyer pour personnes âgées, à l’écart. Sans bruit. Sans hommage. Il repose aujourd’hui à Grandview, non loin de l’endroit où sa vie a basculé.

Ceux qui l’ont vraiment connu disent qu’il était gentil. Discret. Apprécié. Il fabriquait des portefeuilles. Il parlait peu. Et il ne parlait jamais de son accident.

Raymond n’a jamais demandé à devenir une légende urbaine. Il n’a jamais voulu faire peur. Il ne cherchait ni vengeance, ni pitié. Seulement le droit de marcher librement, à l’abri des regards.

Mais parfois, le monde transforme les solitudes en monstres. Et les silences en histoires à raconter.

Et alors, la lueur vertes des phares réfléchie sur la peau d'un homme blessé voulant simplement se promener suffisent à créé un mythe.

Raymond Robinson, l’homme derrière Charlie No-Face

Le Green Man’s Tunnel existe encore. Vous pouvez même le trouver sur Google Maps.

Des vidéos circulent. Des adolescents se lancent des défis. On part à la recherche de Charlie No-Face, comme d’un fantôme à défier. Bien qu'il soit décéder depuis longtemps, la légende perdure.

Mais on parle peu de Raymond Robinson. De sa vie. De ses silences. De sa dignité.

Et pourtant, c’est lui, sur cette photo en noir et blanc, usée par le temps, que vous voyez en couverture. Pas une créature surnaturelle. Pas une légende.

Juste un homme qu’on n'a pas sur regarder autrement que de travers.

Vous voulez en savoir plus ? 🎧

Si vous souhaitez en savoir plus sur la malheureuse histoire du Green man, vous pouvez retrouvez cette histoire racontée dans notre épisode immersif de Chronique d’une image, avec une ambiance sonore travaillée.

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